Dès la conception du projet de restauration de la maison, inoccupée et vétuste, ce tout petit jardin très pittoresque (4 mètres de large sur 12 de long) est pensé comme un jardin de thé « cha niwa ». L’ensemble de la parcelle est alors entièrement recomposé : des terrasses sont aménagées, plantées, bordées de murs de soutènement et de clôture, réglées par des escaliers de granit. Un axe de perspective occupe le côté Nord de la parcelle (voir infra), tandis qu’un jardin plus secret, planté de hauts arbres s’installe côté Sud: le jardin de thé. Ce dernier se compose autour d’un vallon boisé, très encaissé que parcourt un sentier de montagne descendant jusqu’au petit pavillon dédié à la cérémonie du thé.
Le jardin de thé, de dimensions pourtant très modestes, évoque avec puissance et naturel la rudesse et le sauvage d’un sous-bois montagnard.
L’ensemble du vallon, l’agencement des pierres, les incrustations de fougères et mousses … tout semble naturel, et avoir toujours existé. Pourtant, tout ici est entièrement recomposé.
Commencé dans la fin des années 1990, ce jardin de thé est aujourd’hui dans sa pleine pleine maturité : les érables du Japon, ginkgo bilobas, hêtres et néfliers offrent désormais une ombre enveloppante et généreuse, qu’apprécient les mousses et fougères du sous-bois.
Le petit pavillon de thé « chashitsu », largement ouvert sur le jardin, accueille des cérémonies du thé japonaises « cha no yu », rigoureusement respectueuses du rituel codifié à la fin du XVIème siècle à Kyoto par Sen no Rikyu, grand Maître de thé.
Près de l' »engawa » (terrasse en bois couverte à l’entrée du pavillon) un « tsukubaï » (petit bassin en granit) est installé, pour le lavage rituel des mains avant de commencer la cérémonie du thé.
Les « shoojis » (parois de papier coulissantes), une fois refermés sur le jardin, offrent les conditions idéales (calme et sérénité) pour une bonne concentration sur chaque geste et chaque instant partagé de la cérémonie du thé.
Dans un angle de la pièce, le « tokonoma » (alcôve traditionnelle) est décoré d’un « kakejiku » (rouleau accroché présentant une peinture, un dessin, ou une poésie) et d’un bouquet d' »ikebana », composé de fleurs très simples, de saison (« chabana »).
Si, dans le jardin de thé, les verts et les sombres dominent (feuillages, mousses, lichens, terre, roches, ombrages), à côté, dans la partie régulière de la parcelle, les couleurs vives chantent : glycine, lauriers roses, bignonia, agapanthes, fuchsias, jasmins, rosiers, …
Dans cette partie, un axe de symétrie organise en miroir, à partir de la maison, tous les éléments de la composition de ce jardin très formel, par opposition et en complémentarité avec le jardin de thé, « naturel et sauvage » qui le jouxte (sans aucune co-visibilité) : murs, escaliers, plantations, topiaires, potées, dallages, …
Un mur de scène, dressé en fond de perspective s’ouvre avec mesure sur le fond de la parcelle, de conception voulue plus libre, autour d’une pelouse centrale : massifs de vivaces, fruitiers (poirier, figuier, néflier), ou exotiques (palmiers Washingtonia, chamærops, myrte, gunnera, fougères arborescentes,…)